Le canapé rouge - Michèle Lesbre
4e couverture:
Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, tandis que défilent les paysages, Anne songe à l'amitié qui la lie à une vieille dame, Clémence Barrot, laissée à Paris. Elle lisait à cette ancienne modiste la vie de femmes libres et courageuses, telle Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne… Et partageait avec elle des souvenirs tendres et douloureux : ceux des amours passées…
Le dixième livre de Michèle Lesbre est un roman lumineux sur le désir, un texte limpide sur le bonheur de vivre.
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Dès les premières phrases, j'ai été séduite par l'écriture de Michèle Lesbre empreinte d'une poésie subtile, les mots sont justes et bien choisis. J'ai lu avec ravissement certains passages. Les moments intimes, instants de douce nostalgie, partagés avec Clémence, cette femme d'un autre âge, où elles se racontent leurs vies passées, leurs amours brisés. L'amitié entre les deux femmes m’a énormément touchée. Par contre, j’ai eu beaucoup moins d’intérêt pour la quête d’Anne qui embarque à bord du Transsibérien et part à la recherche de Gyl un ancien amoureux qui s’est exilé en Sibérie. Ses questionnements, le sens de son voyage m'ont laissée de marbre et m'ont même un peu ennuyée. Donc, pas de coup de cœur pour moi ici… Malgré tout, la belle écriture de Michèle Lesbre me donne envie de lire autre chose d'elle, juste pour retrouver un peu de sa poésie.
7.5/10
Extraits:
"Une ombre avait traversé son regard, j’avais pris sa main, une main minuscule. Ce geste l’avait apaisée. J’aurais aimé la prendre dans mes bras, la détresse des corps vieillis qu’aucune main n’effleure, qu’aucun corps n’étreint, cette immense solitude de la chair qui est déjà un peu la mort, m’a toujours effrayée. Enfant, la peau de mes grand-mères me fascinait, je la touchais avec précaution, comme si je craignais de la froisser davantage, qu’elle se déchire sous mes doigts et que ma maladresse précipite une issue fatale. Celle de Clémence Barrot, fine et diaphane, me rappelait ces instants d’une infinie tendresse où je me perdais dans la géographie des rides et des veines bleues qui couraient sur les mains abîmées de ces femmes, petits ruisseaux buissonniers et palpitants. Je ne pouvais me les figurer fillettes comme elles affirmaient l’avoir été, je mettais ces anecdotes sur le compte de leur imagination, elles en avaient beaucoup, m’avaient toujours inventé des histoires à dormir debout. Leur enfance faisait donc partie de ces fables auxquelles on fait semblant de croire et qui longtemps après que les voix se sont tues restent encore dans nos mémoires." p. 43-44
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"J’étais descendue au bar, je préférais entendre parler autour de moi, entendre encore un peu la musique des mots qui me manquerait, comme d’autres m’avaient manqué à certains retours, un manque étrange et douloureux, une sorte de rupture. Pendant plusieurs jours, tout se mêle, la pensée se trouble, divague en deux langues, le monde se déchire, puis peu à peu le voyage trouve sa place dans la mémoire, dans les jours ordinaires, tout s’estompe, reste l’essentiel, ces endroits où les souvenirs vont et viennent et nous entraînent dans des rêveries nomades." p. 103
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Le choix d'Aifelle pour le Challenge des coups de coeur de la blogosphère. À lire aussi les avis d'Amanda et de Didi.
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Le canapé rouge, Michèle Lesbre, Sabine Wespieser, Folio, 2007, 136p.
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